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par PhilippeB [post-views]

Le principe : Un entraineur professionnel répond à 3 questions pratico-pratiques et directement applicables pour nous aider dans nos entrainements.

3 Questions à Laurent Bezeau, entraineur du Brest Bretagne Handball

 

  •  Si l’on a pas eu le temps de préparer son entrainement, comment s’en sortir ?

C’est mieux d’y avoir réfléchi quand même et d’avoir une idée de ce que vous voulez.

Il est préférable de savoir l’objectif que voulez atteindre ou du moins sur quoi vous voulez agir.

Après il faut accepter de se laisser porter par les joueurs ou joueuses que vous entraînez. C’est eux les créateurs, vous ne faîtes que les placer dans un contexte auquel ils devront répondre et s’adapter.

S’appuyer sur une trame d’entraînement standardisé permet de ne pas s’engluer dans des situations ne correspondant pas à la logique du jeu.

Aller du simple au complexe permet d’amener les joueurs progressivement vers l’activité recherchée sans avoir à passer son temps à expliquer. Les situations évolutives peuvent être très efficaces et doivent respecter également la logique du jeu. Elles permettent aux joueurs de donner du sens. L’aspect motivationnel devra toujours être visé.

Tout dépendra du niveau d’expertise de vos joueurs/joueuses.

Un exemple de séance standardisée : un échauffement individuel libre, un échauffement jeu avec un score et un temps défini à l’avance, un échauffement passes pour préparer les membres supérieurs et préparatoire au tir, un échauffement tirs qui permet d’échauffer les GB avec des joueurs qui reçoivent un ballon en courant et avec des impacts prédéterminés ou non par les GB.

Vous pouvez ensuite enchaîner des situations à faible densité de joueurs pour aller progressivement vers des situations qui s’approchent de l’activité de match.

Il est intéressant de faire jouer des oppositions avec un nombre de joueurs déterminés pouvant aller jusqu’au 6X6 sur des durées identifiées et éventuellement des scénarii proposés à l’avance (ex : choix de défense, choix de projet d’attaque, score fixé au départ, etc …). Les situations sont des petits bouts du match que vous essayez de reproduire pour les proposer aux joueurs.

Les équipes doivent être équilibrée si possible. Vous devez déterminer les effectifs en fonction d’objectifs particuliers (affinités à développer, complémentarités à trouver, groupe de défense, projet de jeu d’attaque visé, etc …) mais vous pouvez également après avoir désigné deux capitaines, laisser ces derniers choisir leur équipe respective.

Le match classique est indispensable puisque vous devez vous entraîner pour gagner des matchs. Seuls les matchs pourront permettre d’enchaîner les différentes phases de jeu de la défense à l’attaque et inversement. Vous vous préparez ainsi à gérer les rythmes mais également les différents évolutions d’un score. Les règles de base sont une aire de jeu déterminée, un score, des équipes identifiables par leur couleur, un temps, un arbitre appliquant des règles aménagées ou pas, une orientation ou pas, un vainqueur et un perdant.

3 Questions à Laurent Bezeau, entraineur du Brest Bretagne Handball
  • Combien de fois le même exercice doit-il / peut-il être répété avec son groupe ?

Le nombre de répétition est dépendant de la capacité des athlètes à réitérer l’effort pour des raisons physiques, mentales mais aussi motivationnelles. Dès qu’il y a baisse de qualité dans l’exécution, l’exercice doit être stoppé …. Quoi que, vous pouvez chercher à impacter le « mental » et prolonger pour chercher ce que certains appellent le dépassement de soi …

La question peut s’étendre à combien de fois sur une même séance ou sur un cycle de travail, l’exercice peut il être répété ?

Cela dépend sur quoi vous voulez agir, impact physique, technique, cognitif, mental, perceptif, tactique ?

Sur le plan physique, il existe des fondamentaux pour obtenir des gains recherchés que ce soit dans les domaines musculaires, aérobies, de la vitesse. La durée de l’exercice, le temps de récupération entre les répétitions et le nombre de répétitions par séries ou non, doivent être choisis. La qualité de l’exécution est un signal recherché pour stopper ou pas.

Comme le soulève Daniel Costantini : « répéter n’est pas recommencer », la répétition peut conduire à l’automatisation pour une recherche d’économie d’effort et donc de la liberté … liberté de créer. On ne pourrait être innovant dans des situations difficiles que s’il y a eu au préalable répétition et automatisation des fondamentaux.

L’athlète doit répéter ses gammes comme un musicien, pour éviter ou repousser la dégradation de ses savoir-faire le plus tard possible.

L’aspect motivationnel doit être maintenu et éviter ainsi des entraînements ennuyeux qui conduiraient à un désentraînement ou une absence de progrès.

On peut réussir à avoir des progrès inhérents à la sollicitation répétée d’un domaine, en variant les exercices ou du moins en introduisant quelques variantes sans dénaturer l’objectif recherché.

Il est important d’expliquer le pourquoi des répétitions pour que chaque joueur/joueuse puisse donner du sens à ce qu’il/elle lui est demandé et pour qu’il y ait un engagement fort dans ce qui est fait.

Enfin, la durée des entraînements, le nombre d’entraînements par semaine et le calendrier des matchs, périodes de la saison, sont également autant de paramètres importants pour définir le nombre de répétitions d’un exercice.

En conclusion, je dirais que le nombre de répétition pour un même exercice dépendra de règles incontournables de l’entraînement, du contexte global dans lequel l’équipe évolue et devra être adapté à ce que vous percevez des réponses de vos joueurs ou joueuses.

Chaque répétition sera d’autant plus efficace qu’il y aura conscientisation de joueur de l’intérêt et de l’exécution de la tâche.

Laurent Bezeau

Laurent Bezeau

(si vous avez des idées de questions à poser aux entraineurs professionnels, n’hésitez pas à me les faire parvenir par mail)