Comment faire évoluer l’échauffement d’avant match des jeunes joueur(se)s ?
Introduction
En observant les échauffements pratiqués les week end avant les rencontres de jeunes, je me suis interrogé sur leur efficacité et leur utilité. En effet, ils sont très souvent similaires à ceux pratiqués à haut niveau, ne varient peu ou pas du tout d’une catégorie d’âge à une autre ou d’une équipe à une autre. Chaque entraîneur sait pourtant qu’il est nécéssaire d’adapter le contenu proposé aux pratiquants encadrés.
Comment faire évoluer l’échauffement d’avant match afin qu’il soit adapté aux problématiques d’échauffement, de développement et d’apprentissage des jeunes pratiquants ?
Après avoir consulté la littérature scientifique et dressé un constat des pratiques actuelles, je me risquerai à proposer une méthodologie ainsi que des exemples de situations à mettre en place lors de l’échauffement d’avant match (EAM).
Constat
J’ai sondé au travers d’un questionnaire un grand nombre d’entraîneurs. Le but étant de connaître le contenu mis en place avec les groupes encadrés, et quelle était leur conception de l’EAM.
Premièrement, nous apprenons que les entraîneurs déclarent que la catégorie d’âge est la variable influençant le plus l’EAM. Toutefois dans la réalité les différences sont minimes.
On constate également que la tendance est à l’autonomie. En effet, 65% des entraîneurs dictent leur EAM en début de saison et laissent les joueurs le reproduire par la suite.
Ceci peut s’expliquer par la présence de certaines contraintes telles que le remplissage de la Feuille de Match ou la préparation du gymnase.
Enfin, il ressort un top cinq des situations mises en place :
pratiquées à 86% : les gammes athlétiques (talons-fesses, montées de genou, etc)
pratiqués à 85% : les passes courtes face à face
pratiqués à 83% : la cascade de tir pour le gardien
pratiquées à 74% : les tirs aux postes
pratiquées à 66% : les relances du gardien
On peut cependant émettre des réserves concernant les situations ci – dessus.
Elles ne sont pas toujours adaptées aux capacités des jeunes joueur(eu)s.
De plus le travail perceptivo-décisionnel, fondamental à l’activité handball, n’est que peu présent.
Enfin le fait que ces situations soient peu ludiques et peu proches de l’activité handball font que les joueur(se)s sont peu investis.
Proposition
L’idée est de conserver ce qui est fait actuellement, c’est à dire échauffer les joueurs sur le plan physique, mental et technique (Thierry Anti, Approches du Handball n°96, Décembre 2006) mais d’y ajouter une notion de progrès. En effet, il est possible d’utiliser ces moments pour donner ou renforcer des savoir-faire.
Pour ce faire l’échauffement durerait de 20 à 30 minutes et se découperait en 4 phases :
Proprioception : dans cette phase les joueurs sont confrontés à des jeux d’équilibre (ex. page 6). Ceci permet d’augmenter progressivement l’activité musculaire et d’effectuer un travail préventif pour les articulations. Cette phase dure de 4 à 6 minutes
Dynamisation générale : dans cette phase les joueurs travailleront leur motricité (générale et spécifique) au travers de jeux nécessitant des courses d’intensité variable avec des changements de direction (ex. page 7). Cette phase dure de 5 à 7 minutes
Dynamisation spécifique : dans cette phase est intégrée le duel tireur- gardien ou gardien-tireur. Attention toutefois à adapter les situations aux capacités de vos joueurs. La cascade de tirs pour les gardiens est peu efficace sur de jeunes publics, la fréquence de tir n’est pas optimale et peu de tirs sont cadrés (14% de tirs cadrés sur cascade GB). Cette phase dure de 5 à 7 minutes (ex. page 8).
Situation jouée : dans cette phase l’entraîneur met en place une situation connue des joueurs. Le but étant de les confronter à un travail très proche de ce qu’ils vont rencontrer en match, que ce soit au niveau physique ou au niveau perceptif. L’avantage est double : faire un rappel des contenus déjà abordés et offrir des répétitions supplémentaires aux joueurs (ex. page 9). Cette phase dure de 5 à 7 minutes.
En conclusion
La méthode et les exercices proposés ne sont que des exemples.
L’objectif étant d’amener les coach, notamment ceux intervenant sur les catégories jeunes, à s’interroger sur cette partie de « la tranche de vie de Handballeur » dixit M.Portes.
Notre objectif n’est pas de gommer totalement ce qui est fait depuis plus de vingt ans mais simplement de dire qu’avec un peu de réflexion il est possible d’optimiser la phase d’échauffement d’avant match.
L’objectif étant que ce soit un réel prolongement des séances d’entraînements hebdomadaires afin de donner aux jeunes pratiquants plus de clefs pour s’épanouir sur le terrain.
Par Valentin BISOU
Licence STAPS Montpellier Entraîneur -13 au Montpellier Handball
valentinbisou.strikingly.com
vbisou.staps@gmail.com